lundi 27 février 2017

François Virot - Marginal Spots


En effet, je n'ai rien posté sur ce site depuis de longs mois, et la dernière chronique concernait déjà François Virot. En effet, ce n'est pas un hasard, – non, je n'ai pas écouté Virot en boucle depuis tout ce temps -  c'est justement parce que la dernière chronique le concernait que la sortie de ce nouvel album m'a rappelé l'existence de ce site. C'est bien dommageable, mais cela ne le concerne pas. Donc, entre temps, François Virot semble avoir opté pour un nouveau style vestimentaire - les photos promo - , le même que plusieurs personnes que je n'apprécie guère. C'est bien dommageable, mais cela ne le concerne pas. François Virot a fait un clip pour Medicine, le titre d'ouverture de ce Marginal Spots, dans lequel il fait plonger ses potes dans une piscine, et cela dans une esthétique toute VHS. Soit, mais si on parle musique, je me suis dit à première écoute : "c'est moins la passion" – passion n'est pas à prendre au pied de la lettre , je suis une personne raisonnée- . La sensation qu'une tournure plus fun était entamée, presque festive, mais à une intensité moindre avant que cela ne dérive à la grossièreté.  (Regardez, je suis une personne mesurée, je mets des termes en italique pour insinuer que la langue française n'a pas prévu tous les mots que je souhaiterais utiliser.) Peut-être que c'est sa nouvelle manie de faire des clips au bord d'une piscine. Et un clip, ça joue forcément sur la réception que l'on peut avoir d'une musique. Si vous voulez tout savoir, oui, j'ai regretté de l'avoir regardé ; je l'ai maintenant en tête à chaque écoute. Donc, je disais que la première écoute était quelque peu dubitative, mais les suivantes furent plus modérées, puis finalement enthousiastes. Je crois que j'apprécie moins le style global de cet album, mais les chansons sont, en soi, toutes biens. Le style ? Je ne sais pas, en fait il y a une atmosphère à la Beatles, je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas, et je n'ai même pas envie de me poser cette question, mais c'est quelque chose qui revient à plusieurs moment. François Virot, ça marche quand même à chaque fois avec moi : les doubles voix, les petits arrangements, les petites fragilités. La nonchalance de Medicine m'irrite un peu, mais ça marche tout de même avec moi : l'entrée de guitare sur le refrain de Rip Off, la berceuse lancinante de Hostile, le bien bel outro de Blue Void où se suivent guitare et chant, mais j'ai surtout un petit faible pour Tour de Force, qui prend le temps de se construire, les instruments semblent chercher la discrétion, mais le crescendo y est sobre mais terriblement efficace.

samedi 9 mai 2015

François Virot - Unreleased 2008-2010




Le style de Baptiste Virot est particulièrement tranché. Motifs eighties et couleurs flashy. Ma préférence se penche largement vers ses comics en noir & blanc, c'est donc pour moi le mauvais côté du bonhomme qui vient orner cet album. Une parenté entre Baptiste et François? Je ne crois pas. L'homonymie les aura en tout cas rapprochés sur ce coup-là. Quelqu'un aura osé. Alors, commençons par noter que cet album est sorti à l'aube de cette magnifique année 2015. Je ne suis pas sûr de savoir ce que signifie « sortir » pour une version digitale, mais en tout cas, ça s'écoute dés à présent. On se rassure, ça se télécharge gratuitement, manquerait plus qu'on soit obligées de déverser des thunes pour du codage binaire. Une version physique ? Que dalle ! Non non, je ne vais sûrement pas me plaindre, je suis bienheureux de découvrir ces titres, plutôt bien dignes d'ailleurs ! On retrouve ici tout ce qui est faisait la force du premier album de François Virot sorti en 2008. Je trouve le rapprochement avec Animal Collective ici bien plus prégnant que sur Yes or No : choeurs enjoués, une place primordiale aux percussions - sur corps de guitare, cordes et claquements de main - et polyphonie guitaristique. Quelques expérimentations - claviers sur la 3 et bidouilles électro sur la 8 - inusitées d'ordinaire dans ce projet solo mais pas inhabituelles chez Virot. La 5 change un peu également, par son côté folk plus traditionnel à la Elliott Smith. On retrouve quelques versions demo de titres qui auront finis entre temps chez Reveille (4Little Violences) et Clara Clara (2One on One) dans des versions éloignées de leur forme connue mais d'autant plus plaisantes. Non, vraiment, ce Unreleased 2008-2010 est loin d'être une mauvaise chose, malgré ce petit essoufflement sur les deux derniers titres, et semble prédire une prochaine sortie, par corroboration avec les quelques nouveaux titres qui tournent sur le net. Hope so !

samedi 31 janvier 2015

Baton Rouge - Totem





Un pas en diagonal.  Baton Rouge à changer de cap, même si le vent ne l'a pas encore poussé bien loin.  Les compositions de ce second LP tendent vers quelque chose de plus intemporel,  de plus "rock", délaissant au passage les sonorités emo-punk qui avaient forgé sa patte.  Plus chic, Baton Rouge prend le temps de tricoter des ambiances dans un format qui se moque de celui des chansons courtes et efficaces. D'ailleurs, cet album semble pensé  avant tout pour l'objet-même que pour les concerts. Bien sûr, des chansons courtes et efficaces,  il en a encore - Côte du Py / D'année en année - avec ces riffs reconnaissables instantanément.  Les lyonnais s'essaient avec assurance à de nouvelles choses: des arrangements sur Train de nuit par exemple,  avec cette guitare accoustique qui vient épaissir le riff central, quelques effets plus marqués sur les guitares,  ou des impressions inédites chez B.R. (quoiqu'un peu à la Sed Non Satiata) sur Le Fixeur.  Je trouverais à redire sur le chant, qui ne me plaît guère. Julien s'essaie à une voix plus calme et posée  qui se dote d'un grain rauque lorsqu'il force dessus: plus affirmée qu'auparavant et encore une fois plus "rock".  En revanche, un sacré travail d'écriture est effectué sur les textes,  d'une qualité formelle et d'une poésie rare (Au gré du gel en est l'exemple ultime), qui plaira à certain.e.s  mais qui gonflera peut-être aussi d'autres (mais alors là, peu importe). Le long de ces neuf titres,  la magie fonctionne souvent au détour d'un accord sur lequel viennent se rejoindre -ou au contraire diverger-  subitement les instruments, comme sur l'instrumental Hypn-O-Sonic.  Et à Baton Rouge d'écrire des chansons toujours aussi riches. Si l'on pourra regretter  une certaine époque de Baton Rouge en ce qui concerne le style,  on ne pourra que se réjouir de la qualité toujours imposante du groupe.

samedi 29 novembre 2014

Pervers et truands



Et cela survient finalement. Tout s'écroule. On croyait à un moment de liesse. Comme un tour de manège. Un tour de manège où c'est toi qui choisis quand tu veux descendre. Mais la catastrophe a tout détruit. Rien n'a survécut. Du manège, il ne reste qu'un amas de détritus renfrognés. Et c'est une bande de freaks chimiquement modifiés qui repeuple ce qui était autrefois des paysages. Esthétique des ruines. Soit. Celle-là est particulièrement réussie. Il paraît que ça sort des ateliers de Ursa Minor à Saint-Etienne. Ça tombe vraiment bien puisque c'est de là que nous vient justement Pervers et truands. Un premier album après une triplette de demos sur CD-r. Pervers & Truands sont des gens ordinaires: c'est écrit sur ce vinyle et relevé déjà par une autre personne qui s'essaie également à ce genre d'exercice: aligner des mots, voir des phrases, pour parler d'un groupe de musique, d'un groupe D.I.Y., que l'on a vu à un concert, et pour dire un peu plus que parler simplement musique. De là à réussir (?) Pervers & Truands sont des gens ordinaires et c'est plutôt rassurant. Pervers et truands, c'est du sludge fait par des gens qui ne savent jouer que du punk. Ils ont bien essayé de nous le cacher mais certains éléments ne trompent pas. Un peu trop d'urgence ou de hargne. Il y a deux élément notables chez P&T. Ouais! Rien que ça! Les passages lourds. Et les passages rapides. Va pas falloir trop chercher à intellectualiser tout ça. Des mouvements de têtes lents et déterminés. Et des mouvements de têtes rapides et satisfaits. Et c'est tout ce qu'on leur demande. Suffit de choisir la bonne manière de faire ça.10 titres du même acabit. Un petit bémol sur Spooky Song, l'interlude calme et déprimé qui sent juste la fatigue. Bon disque.

vendredi 4 juillet 2014

Taulard - Les abords du lycée



Taulard a toujours dansé sur la corde raide. Un point d'absolu dans son genre, en proie à des vents querelleurs. Jusqu'à présent, Taulard s'était agrippé de toutes ses forces, avait résisté coûte que coûte. Paradoxalement, les atouts du groupe ont toujours été ces petites choses fragiles: un chant en français avec des textes doucement naïfs et un synthé cheap et vierge de tout effet. Jusqu'à présent, Taulard avait résisté, mais s'est fait prendre dans un moment d'inattention et a glissé. Rien de bien grave, ni jambe cassée, ni entorse aggravée. Seulement, ce premier album a un autre goût que les précédents efforts des grenoblois. Le son un peu incertain de la première cassette et du 7", tout cela faisait le charme du groupe, qui a décidé de donner à son premier album un son digne de ses ambitions. Résultat: Les abords du lycée est propre comme une paillasse de TP de physique-chimie. Une propreté médicale, qui a tout blanchit, qui a gratté la moindre aspérité. Ce n'est pas pour faire l'éloge frontale d'une certaine pauvreté ou saleté, mais une autre intention musicale a ici pointé son nez. La majorité des présents morceaux existaient déjà sur le cd -celui enregistré par Josselin lorsque Taulard n'était pas encore un véritable groupe- ou sur la demo-tape, et ce sont ces anciennes versions vers lesquelles je me tournerais encore à l'envie de les écouter. Dans la roche est la plus grosse déception de cet album. Clairement, cette chanson est un "hit": une mélodie trop classe et un thème abordé (les abus sexuels) avec une justesse et une franchise rare, mais -merde- que vient foutre cette basse funky, -comment dire- cocasse, ici? Voilà, quelque chose cloche, quelque chose me dérange dans Les abords du lycée. Une affaire de sensibilité, un décalage qui ne fonctionne pas. Dommage, car Taulard compose toujours de supers chansons et l'écriture de Josselin s'affine, avec cette manière toujours singulière d'introduire un malaise au détour d'une phrase:"Tempête, qui fait tomber les arbres, qui fait tomber les gens". Dans tous les cas, Taulard semble attirer de manière exponentielle l'intérêt des gens. Tant mieux.

mardi 29 avril 2014

Alligator - Runners



Le duo lyonnais a enfin donné suite à sa démo cassette avec un premier LP. Tout n'est pas nouveauté puisque l'on retrouve en face A l'intégralité de ladite cassette. L'inédit, quant à lui, se cantonne à la face B. Si je considérais le premier effort d'Alligator comme un peu inégal, avec des titres qui pouvaient vite devenir un peu irritants (Cycles et Bloody Mouth), autant avouer tout de suite que ces cinq chansons ont toutes atteint un certain degré de délice. Elisabeth et Lisa ont transformé leur petit groupe de détente en atelier bien rodé. Les chansons sont simples mais élaborées, on pourrait imaginer qu'Alligator se pose des directives: "faire le maximum du possible, de l'envisageable, avec le minimum, nos deux instruments et nos deux voix". C'est sec, c'est squelettique, mais Alligator réussit ce tour de force d'écrire de véritables chansons pop, gracieuses et magiques qui restent gravées à partir de quelques notes de basse et une batterie décharnée. J'ai dit "simples". J'ai dit "décharnée". Disons que ce sont les moyens engagés qui le sont. Car les parties de basse et de batterie n'ont rien de convenues et on sent bien que les deux maîtrisent désormais leurs instruments et s'épanouissent dans le style que s'est forgé Alligator. Mais ce qui fait, encore ici, fonctionner cette magie par-dessus tout, c'est le chant. A l'évidence, les deux lyonnaises prêtent une attention particulière aux mélodies et à la manière dont les deux chants vont se croiser et se compléter. C'est toujours beau, et c'est souvent très prenant. Incroyablement organique et sincère, il faudra désormais beaucoup d’hypocrisie pour oser dire du mal de la musique d'Alligator.

vendredi 11 avril 2014

Gouvernail - Black Howl



Le flou règne autour de Gouvernail. Ce qu'il semble être: un projet individuel lyonnais. Pour le reste, on ne pourra s'accrocher qu'à la stricte matière sonore. Des loops de guitare et une batterie électro pour seule substance, un post-rock richement construit, tirant clairement ses racines d'un post-hardcore plus hostile mais que l'on aurait surpris un instant en pleine songerie. C'est un travail toujours un peu compliqué de s'épancher sur une musique du genre sans tourner en rond. Comment ne pas se vautrer encore et toujours sur des termes tels que "paysage" ou "onirique"? Disons que l'on connaît Gouvernail. On a déjà entendu cela quelque part. Du moins, les termes qu'il emploie font partie de notre vocabulaire depuis longtemps. Mais dans Black Howl, il y a tout de même une certaine manière de les agencer, ces termes, d'où une entité propre. Pas la peine d'aller chercher des références, ce serait à la fois juste de le faire. Et extrêmement faux. Ce premier recueil de cinq titres instrumentaux,cohérent de bout à bout, sait emprunter dans d'autres sphères, comme ces beats de Canadian Shores ou sur A New Start. Moins mélancolique. Plus "catchy". Tout cela se joue sur de fines nuances, mais tout cela fait la différence et Gouvernail opère merveilleusement bien dans ce qu'il fait. Aura-t-on la chance de le découvrir en live? A l'écoute de Black Howl, je me remémore un ancien groupe de Lyon qui partage quelque peu le même lexique. Y aurait-il un ancien membre de Солярис [Solaris] aux commandes de Gouvernail?